Initialement déployées dans l’événementiel comme les festivals ou tous lieu d’accueil du public en extérieur, les toilettes sèches sont de plus en plus populaires dans les jardins de ménages qui souhaitent adopter une démarche éco-responsable. Les résidus de ces WC sont ensuite compostés pour servir d’engrais pour le jardin. Le compostage est d’ailleurs requis par la loi. Comment procéder ? Quelles sont les obligations ? Découvrez le guide pour composter les déchets de toilettes sèches.

Les bienfaits des résidus de toilettes sèches en tant qu’engrais

L’utilisation de toilettes sèches est avant tout un bon geste pour l’environnement. Des WC classiques consomment 27 litres d’eau par personne et par jour ! Les selles et urines n’ont pas besoin d’être évacuées par de l’eau potable et de rejoindre une station d’épuration.  

Le compost produit par les toilettes sèches est déjà bien équilibré.

Il est riche en azote grâce à l’urine qu’il contient et les apports en carbones sont assurés par la litière, souvent composée de sciure ou de copeaux de bois, de BFR, de feuilles mortes ou d’herbes sèches. Ces deux éléments sont mélangés directement lors de l’utilisation des toilettes, la litière servant de « chasse d’eau » à chaque passage.

L’urine et les selles viennent humidifier les déchets.

En résumé, les déchets de toilettes sèches contiennent tous les ingrédients pour faire un compost équilibré qui produire un engrais fertilisant pour le jardin.

Toilettes sèches et compost : que dit la loi ?

Le traitement des déchets de toilettes est encadré de façon précise par la loi. La règlementation est précisée dans l’arrêté du 7 septembre 2009 dédié aux qui précise les conditions d’utilisation et surtout de compostage des matières des installations de toilettes sèches.

Voici en substance ce qu’indique ce texte :

  • La cuve recevant les matières dans les toilettes doit être étanche. Il n’est donc pas question de composter à même le sol.
  • Les toilettes sèches ne doivent générer aucunes nuisances pour le voisinage, tant concernant les odeurs que les écoulements.
  • L’aire de compostage doit être installée sur une surface étanche. L’objectif est d’éviter un écoulement des lixiviats (liquides) dans des zones environnementales sensibles (eau de surface, cours d’eau, nappe phréatique) avec une gestion des écoulements vers une fosse. Dans les faits, l’application est moins stricte si l’aire de compostage n’est pas sur une zone sensible. Ainsi :
    • Il est intéressant et de bon sens de garder le compost en contact avec le vol dans une zone sans enjeux sanitaire ou environnement
    • A l’inverse, si votre sol est à proximité d’une nappe affleurante, d’un puits ou d’un captage d’eau potable… il faut prévoir l’aménagement d’une zone étanche. L’aire de compostage devra être éloignée de cette zone sensible.
    • Dans tous les cas, il faudra réduire les risques d’écoulement.
  • Enfin, pour réduire les risques d’écoulement, il faut abriter le tas de compost. Cela peut passer par un bac composteur avec couvercle ou en construisant un abri autour de l’air de compostage.

En cas de doute, contactez votre Service Public d’Assainissement Non Collectif (SPANC) local.

Comment composter les résidus de toilettes sèches ?

Maintenant que vous connaissez les obligations légales, voici comment procéder pour composter les selles et urines issues des toilettes sèches.

Le compostage des toilettes sèches nécessite une maturation longue d’au moins 18 mois et idéalement de 2 ans. L’intérêt est de s’assurer d’éliminer les germes pathogènes qui peuvent être contenus dans les selles (c’est la même problématique avec le compostage des crottes de chien).

L’hygiénisation des selles pour en faire de l’engrais se fait par une mise en compétition des micro-organismes pathogènes des déjections et des décomposeurs du compost. Pour la mettre en œuvre, il faut réaliser un tas qui reprend les bonnes pratiques du compostage à savoir :

Cette compétition peut être complétée par une bonne montée en température du compost. Au-delà de 60° pendant quelques jours et les germes pathogènes seront majoritairement détruits.

Quel composteur choisir ?

Le premier point de vigilance lors du compostage des selles et urines, c’est l’écoulement des liquides. Pour réduire ce risque, il est recommandé d’utiliser un bac composteur en plastique. Avec son couvercle, il sera mieux protégé des intempéries.

Si votre aire de compostage est abritée, vous pouvez utiliser un bac composteur en bois qui maintiendra bien les matières.

Evitez l’utilisation du compost en tas.

Pour permettre une maturation longue, nous vous recommandons d’utiliser plusieurs bacs, idéalement 3. Cela vous permettra d’alterner d’un bac à l’autre chaque année afin de toujours avoir un bac de décomposition dans lequel vous pouvez placez les nouveaux seaux de matières.

Les différentes étapes pour composter des restes de toilettes sèches

Commencez par placer des matières brunes absorbantes au font du bac sur une couche de 20cm. Cela peut être de la litière de toilettes sèches comme de la sciure, des copeaux ou du BRF, feuilles mortes ou herbes sèches. Tous ces éléments ne doivent pas avoir de traitements chimiques (peinture, verni…). Cela permettra de réduire les écoulements.

A chaque fois qu’un seau d’urines et excréments est ajouté sur le tas de compost, recouvrez le d’une nouvelle couche de litière végétale. Cela équilibrera les ingrédients du compost et réduira les mauvaises odeurs.

Pour enrichir l’apport en cellulose du compost, pensez à intégrez régulièrement des couches de matières moins ligneuses comme des feuilles mortes ou des herbes sèches ou encore du carton.

Vous pouvez ajouter régulièrement des déchets de cuisines comme des épluchures de légume ou du marc de café.

Remuez régulièrement le compost, avec une fourche ou un mélangeur de compost. Cela permettra de mélanger les couches de matières, d’aérer le tas et donc de permettre son aérobie. Une bonne aération réduite également les mauvaises odeurs.

Si le compost est trop sec, arrosez-le ou ajoutez plus de seaux de matières contenant des urines. S’il est trop humide, ajoutez de la litière.

En suivant ce processus pendant quelques mois, jusqu’à ce que votre bac soit plein, il ne vous restera plus qu’à le laisser maturer jusqu’à 18 à 24 mois avant de pouvoir disposer d’un bon compost à utiliser comme amendement de sol ou engrais pour vos plantes et végétaux.

Précautions lors du compostage de toilettes sèches

Nous vous recommandons de toujours porter des gants lors de la manipulation de compost de toilettes sèches pour éviter d’exposer votre peau aux éventuels pathogènes contenus dans les restes de sels.

Il est déconseillé d’utiliser le compost de toilettes sèches sur des plantes consommables à moins que vous soyez absolument certains de la bonne décomposition des germes pathogènes (compost suffisamment âgé, très bien équilibré et une température prélevée régulièrement en différents points avec un thermomètre de compost.

Renseignez vous sur le sous-sol de votre terrain avant d’installer votre aire de compostage pour vous assurer qu’il n’y a aucun risque de présence de nappe phréatique en surface, de point de captage ou de cours d’eau à proximité.


Georges

D'origine Britannique, je suis jardinier professionnel. J'ai travaillé aux quatre coins de la France dans l'aménagement et l'entretien de jardins de particuliers. Sur ce site, je vous partage ma passion pour le jardinage et vous propose de nombreux conseils pour trouver et utiliser les meilleurs outils de jardinage, décorer votre extérieur et profiter au mieux de votre terrasse. Mon objectif : vous aider à faire de votre jardin un petit coin de poésie !